Publié en 1953, quelques année avant ma naissance… Autant dire que la petite ile au large de Naples, peuplée de pécheurs et de bagnards enfermés dans une citadelle, s’épargne la vacuité des biens matériels et du modernisme qui trouble nos sens. Ceux d’Arturo, à fleur de peau, se racontent à la première personne, dans le bouche de l’adulte qu’il est devenu. Le narrateur est lettré, cultivé, use d’un style très éloigné de celui de son enfance et rappelle parfois celui des auteurs classiques. Elasa Morente décrit et analyse les sentiments de ce jeune garçon avec la sensibilité d’une mère aimante et attentive, celle que, justement, il n’a pas connue, morte à sa naissance. Idéalisant les quelques adultes qui s’imposent dans sa vie, il est constamment déchiré entre le besoin d’amour et la haine, dans un univers affiché de mépris des femmes. Évidemment, on en attend le dénouement, mais sa quête ininterrompue de gloire et d’amour, preuve de l’énergie et de la vie qui s’empare de lui, souvent hautain, dédaigneux, est admirablement décrite. Manière de partager ses joies et ses souffrances, l’espoir n’est jamais loin. De la grande littérature.